

Samedi 1er avril, la chaine de télévision Arte nous a offert un véritable florilège sur les bienfaits de la musique pour notre cerveau: bébé pas encore né, prématurés, nourrissons et jeunes enfants, ados, adultes et vieillards, il y en avait pour tout le monde :
« Les super pouvoirs de la musique » (1)
Théa Bugnet, en créant sa méthode « audio-visio-motrice » basée sur le geste et le chant, fut vraiment une précurseuse ! (super, le féminin !). Les recherches actuelles en neurosciences ne font que confirmer ses intuitions.
Les quelques 150 classes de Bréda en Hollande qui ont suivi cette méthode, adaptée pour le milieu scolaire par Annie Boon, ne relevaient aucun enfant dyslexique dans leurs effectifs. Le rythme pour apprendre à parler et à lire est un apport essentiel.
Alors que nous disent les scientifiques ?
La musique facilite l’apprentissage, le langage, la relation aux autres. Petit résumé du documentaire concernant la tranche d’âge de la « Mini Boîte à Lettres » et de « la Boîte à Lettres » :
Emmanuel Bigant, chercheur au CNRS, a entrepris de décrypter le rôle de la musique à tous les âges de la vie. On peut ainsi voir que l’enfant dès le sein maternel réagit à la musique, grâce à un minuscule haut parleur introduit dans le vagin de la maman.
Delphine Ribemont-Lambert, chanteuse lyrique, intervient dans le service de néonatalogie du CHU de Dijon. La voix humaine chantée favorise la régulation du stress du nouveau-né, favorise la mise en place du réflexe de succion et a un effet positif sur la douleur. Elle conseille donc de chanter à son enfant pendant les séances de peau à peau.
Laurel Trainor,(2) professeur de psychologie comportementale à Hamilton (Canada), a étudié la perception du rythme chez les bébés. Le bébé perçoit et interprète les rythmes, ce qui est important pour le langage. Le bébé encode tous les aspects du rythme ; c’est une faculté très importante, car le langage est composé de rythmes ambigus. Le bébé enregistre et interprète le stimulus. Un petit pourcentage d’enfants présente un trouble du développement de la coordination, qui est, avec la dyslexie et l’autisme, un des trouble les plus importants. C’est un problème de motricité. Le système auditif a besoin du système moteur pour traiter le rythme. Battre le tempo aide le système moteur à mieux fonctionner.
Le film précise : « La musique et la danse sont idéales pour les enfants présentant des troubles de la coordination.
« 15 millions d’enfants dans le monde souffrent de dyslexie. La musique, le rythme et la danse pourraient aider au traitement de ce déficit.
Emmanuel Bigant explique que la musique stimule plusieurs parties du cerveau. Les neurones se coordonnent comme les musiciens d’un orchestre : c’est ce qu’il appelle la symphonie neuronale. La musique contribue à la synchronisation des différentes parties de notre cerveau, la musique développe les compétences du cerveau. Il pose alors la question : le niveau d’apprentissage des écoliers peut-il être amélioré par une pratique régulière de la musique ?
Emmanuel Bigant et Barbara Tillmann (3) montrent les effets positifs de deux heures de musique par semaine sur le développement cognitif et sur la réussite académique des enfants.
Frédérique Thiebault, professeure des écoles, présentent dans sa classe de maternelle tous les apprentissages adaptés en ateliers musicaux. Les enfants développent ainsi écoute et concentration qui bénéficient à l’apprentissage de la lecture. Elle propose des jeux en chanson pour apprendre les nombres. Ses élèves ont une progression meilleure que celle des autres enfants. Chez les enfants plus grands, la musique développe les capacités de raisonnement.
Conclusion de Emmanuel Bigant : « 2 heures de musique par semaine, ça fait autant d’effet que de faire des devoirs à la maison »!
Il se trouve que le jour même de la diffusion de ce reportage sur ARTE, j’ai rencontré une stagiaire de « La Boîte à Lettres », institutrice en CP, et qui a commencé la mise en place des outils de Grosselin et de Théa Bugnet dans sa classe. Une mauvaise langue lui aurait dit que le « Bon Départ » était ringard ! Ringard, d’apprendre aux enfants à chanter en rythme, ringard d’apprendre à battre un tempo, ringard d’apprendre à écrire en rythme ? Plutôt complètement avant-gardiste, et ce n’est pas les résultats des classes qui apprennent de cette façon qui diront le contraire : prévention de la dyslexie, développement des relations au sein du groupe par les jeux chantés, développement du langage.
Mesdames et Messieurs les chercheurs, nous vous attendons dans nos classes !
(1) Film de Jacques Mitsch, 2022
(2) On pourra consulter la « revue internationale d’éducation de Sèvres »https://journals.openedition.org/ries/5949 : article sur la musique chez les tout-petits de Laurel Trainor, n°75, septembre 2017
(3) « La Symphonie neuronale », Emmanuel Bigand et Barbara Tillmann, pourquoi la musique est indispensable au cerveau, Editions Humensciences, septembre 2020
Merci pour cette présentation de l’état de la recherche. J’ajouterai les travaux d’Isabelle Peretz (Université de Montréal) qu’elle présente dans son livre Apprendre la Musique. Ses conclusions sont tout à fait en accord avec ce que cite l’article ci-dessus. En particulier, pour des élèves en difficultés: certains ont eu des cours de soutien, d’autre du théatre ou de la musique. Ceux qui ont fait de la musique sont ceux qui progressent le plus. Alors chantons dans nos classes! et utilisons notre corps dans TOUS les apprentissages!
J’aimeJ’aime
Merci pour ce commentaire. J’avais effectivement présenté les travaux d’Isabelle Peretz dans un article paru le 4 juin 2019, et son livre est présent dans la bibliothèque du blog.
J’aimeJ’aime