En 1938, Théa Bugnet-van der Voort, « psycho-physico-thérapeute », rencontre, lors d’un congrès Masdaznan (1), Mrs Gasque, richissime Américaine et Présidente du Mouvement Végétarien International. Mrs Gasque demande à Théa Bugnet d’inventer une façon d’aider le jeune enfant dans son apprentissage scolaire, pensant à juste titre œuvrer ainsi pour la paix. (Nous sommes à la veille de la 2è guerre mondiale).

Pendant la guerre de 1940, l’exode conduit Théa Bugnet à Cannes, où elle travaille pour la première fois dans une école, l’école « Maurice Alice », où on lui confie les enfants « difficiles ». Elle ébauche alors les bases de sa méthode. C’est là qu’elle utilise la première fois l’expression « Bon Départ ». Quand elle rentre à Bréda en 1945, elle rencontre Annie Boon, enseignante montessorienne, qui voit immédiatement ce que le « Bon Départ » pourrait apporter à ses jeunes élèves. Annie Boon se forme alors pendant 3 ans avec Théa Bugnet. Le directeur de l’école de Bréda, Monsieur Van Velde, soutient l’expérience.

Photo de gauche publiée avec l’autorisation des Archives municipales de Cannes, 11M16, que je remercie

En 1948 à Breda, Mrs Gasque ainsi que les personnalités qui l’accompagnent assistent à la classe de Annie Boon, longuement applaudie pour son dynamisme à entraîner les enfants. Mrs Gasque, enthousiaste, décide de tourner un film. Ce 1er film -muet- contribuera cependant à faire connaître le Bon Départ.

Après le décès de Théa Bugnet en mai 1951, sa fille Madeleine Curtat-Bugnet travaille à développer ce que sa mère n’a pu faire : dès septembre 1951, des jeunes françaises partent pour un an à Bréda, afin de devenir « monitrices Bon départ » pour la diffusion de la méthode en France. Parmi elles, Simone Pailla, qui écrira le premier et seul guide Bon Départ en 1953. Des sessions commencent ainsi à Paris en 1952. Annie Boon vient régulièrement en France pour consolider la formation en France.

Dès 1951, Denise Koechlin est appelée par le Pr Favez-Boutonnier à prendre le poste laissé vacant de Théa Bugnet à l’Hôpital de la Salpêtrière. Elle formera de nombreux psychomotriciens à la Méthode Bon Départ.

En août 1955, Simone Pailla et Annie Boon s’embarquent pour les USA, invitées par Mrs Gasque, pour une formation à Kansas City. C’est à la fin de cette formation que sera tourné le 2ème film, sonore et en couleurs, celui-là. Film très précieux où l’on voit Annie Boon en personne nous montrer comment utiliser la méthode Bon Départ.

Des monitrices développeront le Bon Départ en Suisse, où la formation sera même diplômante. En 1968, la Suisse tournera également un film-documentaire très intéressant : « Yvon-Yvonne » (Réalisateur Claude Champion), avec lequel nous travaillons lors des évaluations à distance des formations. D’autres développeront le Bon Départ au Brésil et au Portugal, en Pologne, où il est encore très vivant (2024), sous le nom de « Dobrego Startu ».

Annie Boon est décédée à Bréda en 1995. En Hollande, c’est une ancienne élève de Annie Boon, Elly Rozinga (2), qui assure la relève.

L’Association française gère les formations, assure le lien entre les différentes régions et pays, publie un bulletin et organise des journées d’études, avec des intervenants aussi prestigieux que le Professeur Mauco, Boris Dolto, de Ajuriaguerra, Pr Clément-Launay … Le développement du Bon Départ en France ne parvint pas ou très peu à passer les portes des écoles, il finit même par se confondre avec une méthode pour les enfants porteurs de handicaps. En 1974, la création du diplôme de psychomotricien mit un coup d’arrêt au Bon Départ en France. Il a pourtant encore toute sa place dans les écoles, en dehors de toute rééducation, rejoignant en cela l’intuition de Annie Boon. En France, l’Association créée par Madeleine Curtat-Bugnet, s’éteindra vers 1992.

(Écrit à partir du manuscrit de « l’adieu à Annie Boon » de Madeleine Curtat-Bugnet, juin 1995)

L’Association « La Boîte à Lettres » a récupéré les films lors de la transmission des archives françaises en 2020 à Bréda par Elly Rozinga, ainsi que les manuels, courriers, bulletins et livrets de formation. Nous avons le plaisir de les présenter lors des formations.

En continuant de proposer les outils du « Bon Départ » pour les jeunes écoliers, nous poursuivons l’œuvre tellement riche de ces femmes. Les enseignants formés au Bon Départ partagent avec leur classe la joie transmise par Annie Boon et Théa Bugnet. N’hésitez pas à retrouver dans les pages de ce blog toute l’actualité du Bon Départ.

Théa Bugnet dans la classe de Annie Boon à Bréda (don de la famille à l’association)

(1) Mazdaznan désigne un culte syncrétique mêlant christianisme et zoroastrisme fondé en Inde par Otoman Zar-Adusht Ha’nish

(2) Elly Rozinga, qui nous transmit les archives françaises stockées aux Pays-Bas, est membre d’honneur de notre Association.