Chers amis,
Savez-vous qu’en 2014, 45 états américains sur 50 ont abandonné l’enseignement de l’écriture cursive ? L’arrivée massive des tablettes dans les petites classes n’y est pas pour rien. Le clavier est appelé à remplacer le stylo : il produit des « traces écrites » plus propres et plus faciles à relire, son apprentissage demande beaucoup moins d’effort que la calligraphie !
Savez-vous qu’en 2016, 14 états américains ont réintroduit l’enseignement de l’écriture cursive ? Ils n’ont mis que 2 ans à se rendre compte de l’erreur commise. Un revirement salutaire qui s’explique par les piètres résultats des élèves privés d’écriture.
Certains spécialistes s’efforcent d’expliquer la nécessité de maintenir l’écriture. Certes, ce n’est pas une activité naturelle de l’homme mais son invention et sa pratique ne sont certainement pas étrangères aux progrès de l’humanité.
Qu’en disent les spécialistes ?
- « La maîtrise de la calligraphie semble avoir un effet vraiment sans équivalent sur le développement de l’enfant » Laura Dinehart
- « L’écriture manuelle semble associée à la capacité à s’autoréguler, contrôler ses émotions et mémoriser le travail effectué, des qualités très demandées à l’école » Laura Dinehart
- « Les enfants mémorisent mieux les mots qu’ils tracent quand ils les écrivent à la main plutôt qu’à l’aide d’un clavier. » Karin Harman James
- « Nous avons constaté que les élèves, jusqu’à la classe de sixième, écrivaient plus rapidement, avec plus de mots, et exprimaient plus d’idées s’ils écrivaient à la main plutôt qu’avec un clavier » Virginia Berninger
- « Ecrire à la main facilite l’apprentissage, en plus d’améliorer les performances cognitives. » Virginia Berninger
- « l’écriture cursive participe au développement d’une motricité fine que l’ordinateur ne permet pas, et a une place essentielle dans l’apprentissage de la lecture. » Edouard Gentaz
Nous pourrions ainsi multiplier les citations d’experts qui s’inquiètent de voir le peu de cas qui est fait de l’écriture.
Personnellement, j’ai accompagné beaucoup d’enfants après l’école. L’écriture est encore enseignée en France mais sans exigence, sans attente particulière. Le miroir aux alouettes que représente l’ordinateur n’y est certainement pas étranger.
J’ai pu observer ces dernières années des cahiers de plus en plus mal écrits. Et surtout, une tenue du crayon totalement délaissée. Pas un seul enfant de ceux que j’ai rencontrés en 2017 ne tenait son crayon d’une bonne façon. Les doigts crispés sur le stylo, pliés en deux, ou mal positionnés. Une tenue du crayon qui traduisait une très forte tension et engendrait une grande fatigue. En résumé, écrire est devenu pour les enfants une activité fatigante dans laquelle ils ne trouvent aucun plaisir.
Il y a bien sûr des lieux où l’on fait encore attention à cet enseignement, où l’on corrige la tenue du crayon, où l’on demande aux enfants de se tenir bien droit, où un entraînement soutenu se conjugue avec le plaisir des belles lettres tracées sur le cahier. Mais ces lieux ne sont plus majoritaires et il est à craindre qu’un ministre écoute un jour ceux qui réclament l’abandon de cette pratique ancestrale à l’heure de l’informatique.
Il y a un point qui, de toute façon, est essentiel : c’est le lien entre l’écriture et la lecture. Celui qui écrit mémorise mieux les lettres et l’orthographe. Il deviendra bien meilleur lecteur que celui à qui l’on mettrait un clavier dans les mains.
Nous pourrions encore écrire des pages pour défendre l’importance de l’écriture. Si, comme nous, vous en êtes convaincus, je vous invite à nous soutenir dans notre projet de formation des enseignants.
En effet, dès le mois d’avril, nous proposerons une formation sur l’enseignement de l’écriture le temps d’une journée. Nous y voyons une priorité et notre souhait est de multiplier rapidement ces formations. Nous mettrons les enseignants en activité et leur ferons découvrir le plaisir de la calligraphie, qu’ils ne connaissent pas pour la plupart, afin qu’ils puissent s’en servir avec leurs élèves. L’usage de la plume impose une position adéquate des doigts, le résultat est beau à contempler, le plaisir est là. Faire de l’écriture une œuvre d’art, c’est lui redonner toute son importance.
Si vous pensez que l’écriture cursive doit être toujours enseignée, si vous voulez que des centaines d’enfants puissent découvrir l’importance de l’écriture et le plaisir de l’écrit, aidez-nous à lancer ces nouvelles formations. Nous devons les mettre en place et les faire connaître. Pour cela, votre soutien financier sera précieux.
Je vous parlerai dans une prochaine lettre de formations sur la « relation aux autres », un sujet important pour les enseignants qui ont parfois du mal à poser leur autorité, à dialoguer avec les parents, etc.
Dans l’attente, je vous remercie du geste de générosité que vous pourrez faire en cette fin d’année.
Frédéric Prat, président de Lire-écrire
PS : J’aurais aimé vous envoyer cette lettre sous forme manuscrite à chacun, éventuellement en pièce jointe, mais votre boîte de courriel risquerait de filtrer ce message. Alors, j’utilise l’ordinateur, bien conscient de son utilité, mais aussi des risques qu’il comporte à l’âge de l’enfance. Si vous pouviez transmettre ce courriel à vos connaissance, vous participeriez à notre effort d’information.
Il est intéressant de voir que nous prenons le temps d’apprendre à écrire aux enfants, grâce aux apports de l’écriture chantée créée par Théa Bugnet à Bréda.