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Travail de copie (texte tiré du « Petit Nicolas », une ligne a été omise!

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Mon nouvel élève avait très envie d’apprendre à écrire. Suite à un absentéisme scolaire lié à des problèmes de santé dans l’enfance, son écriture était restée hâchée, hésitante et un peu crispée par l’angoisse du « je ne vais pas y arriver ».

Nous avons donc divisé le travail en deux parties :

  1. apprentissage de la graphie, du geste
  2. comment organiser mes mots dans ma tête pour ensuite les écrire

1.Pour l’apprentissage du geste, nous avons travaillé la souplesse et la « décrispation » au coussin de sable (Bon Départ).  Puis, pour comprendre que la cursive est une écriture « qui court », nous avons fait des exercices consistant à tracer une ligne le plus longtemps possible sans lever le crayon. La consigne est orale, il y a un modèle, mais jamais de pointillés à suivre. Suivre un pointillé est un exercice très crispant, à l’opposé de la souplesse recherchée. Le tracé de formes non représentatives de lettres permet de ne pas penser à un modèle de lettre qu’il faudrait reproduire. Le tracé est assez grand : 2 à 3 cm de hauteur.

Le fait de ne pas lever le crayon durant le tracé sur la largeur de la feuille permet de développer le geste musculaire qui consiste à faire avancer la main vers la droite tout en continuant d’écrire, et permet de développer les muscles oculaires qui vont suivre déplacement latéral de la main.

A mesure que les exercices se complexifiaient commençait à poindre la question de l’orientation : certes, je vais vers la droite, mais tout en revenant parfois en arrière, ou en allant en haut et en bas. Ces exercices requièrent un tracé large, pour que la main reste souple.

Pour ces exercices, j’ai beaucoup utilisé les exercices du livre « l’écriture pour tous », de André Casteilla. (voir dans la « Bibliothèque« )

Le travail les yeux fermés permet l’intériorisation du geste, sa « mise en mémoire ».

Nous avons ensuite, toujours dans le domaine de la graphie, commencé à écrire des mots simples et faciles à écrire sans lever le crayon jusqu’à la fin du mot. Écrire un mot entier jusqu’à la fin sans lever le crayon devient un challenge et un jeu.

On apprend le tracé précis de chaque lettre selon les principes du Bon Départ, d’abord en grand, puis sur des lignes de plus en plus petites, pour aboutir à la fameuse « Seyès »!

2.La deuxième étape consiste à apprendre à formuler intérieurement sa pensée pour pouvoir ensuite la mettre par écrit : ce que nos enseignants appellent la production d’écrit. Selon qu’on soit plus visuel, auditif ou kinesthésique, les canaux pour ce travail ne seront pas les même.

Pour tous, il y a une « mise en projet », comme dirait la copine Jeanine qui fait ça avec ses jeunes. Se poser la question : « qu’est-ce que je veux dire? » Ensuite, soit on se visualise la réponse dans la tête pour se préparer à l’écrire, soit on se l’articule à  voix basse pour s’entendre ce qu’on veut écrire, soit on se fait les gestes pour répéter ce qu’on veut écrire, ou tout autre moyen que chacun s’invente plus ou moins consciemment.

Cette phase d’intériorisation est nécessaire pour que les lettres, les sons et le tracés se mettent en place dans le bon ordre. Sinon, cela donne quelque chose du genre écrire « le traiment » pour « l’entrainement ».

L’exercice de cette étape consiste donc à vérifier que tous les sons et syllabes de ce que l’on a voulu dire sont présents.

Je demande alors à l’élève de penser une phrase simple, de se la préparer dans sa tête par le moyen qu’il préfère, puis de l’écrire. Ce travail a aussi l’avantage de favoriser une meilleure élocution, constatée par les collègues de « mon » élève, qui, ayant pour l’occasion fait montre d’une telle bonne volonté que l’employeur lui a fait un CDI !

A ce stade, on est confronté au problème de l’orthographe, qui sera étudiée selon les capacités de l’élève, son désir, ses « restes » grammaticaux de l’école, et de ses besoins professionnels. Mais l’essentiel est en place pour pouvoir écrire une liste de courses, une consigne à un collègue ou une lettre d’amour, avec la fierté du « j’en suis capable! »

écriture manuelle 2

Je précise que je ne suis ni orthophoniste, ni graphothérapeute, ni psychomotricienne, que j’utilise simplement la méthode du « Bon Départ » de Madame Théa Bugnet, et que les résultats sont bluffants.