





Mesure du temps, de la hauteur, du poids, de la longueur….
Bernadette Guéritte-Hess est une formatrice du Bon Départ de la première heure. Son parcours l’a menée à devenir psychomotricienne, orthophoniste, co-fondatrice du GEPALM (1). Elle est aussi l’auteure de nombreux livres d’initiation aux maths pour les enfants et les adultes (2).
Núria Sabé, enseignante au Congo en lien avec nous, après avoir appris à lire à ses petits élèves, nous demande comment aborder les maths. Hervé Nicaise, formateur en mathématiques, lui répond :
Le succès pour les maths est assuré d’abord par de la manipulation, le plus possible, le plus longtemps possible. Donc il vous faut tout d’abord (avec les enfants !) recueillir des tas de cailloux, de petits morceaux de bois, des boutons ou autres objets de la vie quotidienne, et il en faut de tailles différentes et de couleurs différentes. Avec ce matériel (qui ne coûte rien), on peut compter, comparer, classer, ordonner…
Quand ils commencent à savoir compter, il faut ancrer la dizaine (on compte ainsi parce qu’on a 10 doigts, et on peut compter sur ses doigts), et alors on compte de 10 en 10, et de 5 en 5, et plus tard de 2 en 2, de 3 en 3, de 4 en 4, et on a ainsi une bonne partie des tables de multiplication. Pour aller plus loin, on joue à la marchande (ou au marchand !), et on échange (ça donne des additions et des soustractions), on fait la monnaie (toujours prendre des exemples très simples), et on arrive ainsi au partage (c’est-à-dire le sens de la division).
Pour la géométrie, là aussi pas besoin de matériel coûteux, mais il faut déjà savoir compter pour pouvoir mesurer avec précision. On dessine (même sur le sol) et on trace des segments de droites, et on mesure (si on n’a pas de règle on prend une corde ou une ficelle avec des nœuds, c’est comme ça que faisaient les Égyptiens il y a 5000 ans !). Ensuite si possible on découpe et on colle et on compare, et on apprend le vocabulaire (polygones et cercles et leurs caractéristiques). Ensuite avec des récipients (n’importe quoi, mais au moins une boite de 1 dm3, pour montrer que ça fait 1 litre et que ça pèse 1 kg), que l’on remplit avec du sable, de la terre, de l’eau, et on transvase, et là aussi on compare. Les notions de longueurs (1ère dimension), de surface (2ème dimension) et de volume (3ème dimension) seront ainsi acquises « dans les doigts » (et tout peut se faire en chantant !).
Tout ça devrait aussi amener à « Quand est-ce que ça s’arrête ? », c’est-à-dire à la notion d’infini…
Tout ça vous prend au moins la moitié d’une année.
Voilà exactement les notions développées par Bernadette Guéritte-Hess, notamment dans l’exposition qu’elle a créée et qui se trouve actuellement à Cap-Sciences à Bordeaux (3). Certes, la durée de l’atelier (1 heure), ne permet pas d’approfondir toutes les notions, mais donne un petit aperçu de l’approche mathématique avec des 3 à 6 ans.
(1)Groupe d’Études sur la Psychopathologie des Activités Logico-Mathématiques
(2) »Le nombre et la numération », Bacquet M. et Guéritte-Hess B. Ed. du Papyrus 2012
« L’enfant et le temps » Guéritte-Hess B. Ed.Le Pommier 2011
« Au fait, c’est quoi pour vous la virgule en mathématiques », Ed. du Papyrus, 2012
« 100 idées pour apprendre à compter au quotidien avec de la monnaie » B.Guéritte-Hess, ML Chef San Marcelino, Dr C.Charlet, Ed. Tom Pouce, 2016
« 100 idées pour apprendre à résoudre les problèmes en maths » B.Guéritte-Hess, M-C Giraud-Brun, Ed.Tom Pouce, 2016
-« Les Maths à toutes les sauces » B.Guéritte-Hess, I.Causse-Mergui, M-C Romier, Ed. Le Pommier 2019
et d’autres encore…
(3) Kifkif le calife, atelier pour les 3-6 ans