La phonomimie consiste à attribuer à chaque phonème de notre langue un geste qui favorise la mémorisation. L’inventeur de ce concept est Augustin Grosselin. D’autres méthodes se sont ensuite inspirées de ce concept, la plus connue étant Borel-Maisonny. Le blog « Ecole-références » rattache aussi la méthode des « Alphas » à ce concept, du fait de la correspondance « phonèmes-graphèmes » à l’aide de petits personnages.
Le point commun de ces méthodes est la prise de conscience de la nécessité de l’utilisation des canaux sensoriels dans les apprentissages.
Alors que choisir?
Augustin Grosselin (1800-1870) a élaboré sa phonomimie pour des enfants « primo-apprenants », et a utilisé dans sa gestuelle des références concrètes de la vie des enfants, on pourrait parler d’une mémoire « affective », « émotionnelle ». On peut dire que Grosselin utilise le langage non verbal qu’utilise les enfants eux-mêmes quand ils racontent une histoire : ils n’ont donc pas un nouveau code à mémoriser, c’est déjà le leur. Ses premiers élèves furent ses plus jeunes enfants, puis les enfants des salles d’asile de Paris. Il est intéressant de noter qu’il avait « fixé » le geste lié au son, mais que la petite histoire accompagnante était inventée par l’institutrice qui pouvait la modifier selon son auditoire. C’est Mademoiselle Gaudon, enseignante des salles d’asile, qui « fixa » les histoires. C’est la phonomimie utilisée par la « Boîte à lettres ».
Suzanne Borel-Maisonny (1900-1995) était rééducatrice, travaillait dans la sphère médicale, recevait les enfants en difficulté, et écrivit sa méthode pour des orthophonistes. Elle s’adresse donc a des enfants dont le premier apprentissage n’a pas abouti à la lecture. Madame Silvestre de Sacy, orthophoniste qui contribua à faire connaitre cette méthode, dit bien que c’est une méthode pour guérir. Les gestes sont donc des gestes de rééducation, qui montrent la gorge, le nez, qui rééduquent une mauvaise prononciation ou une mauvaise mémorisation. Les gestes sont donc un peu techniques et abstraits, assez loin de l’imaginaire des enfants.
Il est donc inadéquat d’utiliser des gestes d’orthophonie et de rééducation pour des enfants primo-apprenants, qui ont bien plus de plaisir dans les histoires proposées par Grosselin.
Voici un exemple concret, avec la lettre « U »:
chez Borel-Maisonny : le geste montre de manière abstraite le « pont » du « u » vers le bas, il montre pour moi plutôt le « v » de la victoire. Il s’agit seulement d’un geste mnémo-technique plutôt abstrait.
Chez Grosselin :
L’enfant mémorise l’histoire d’Ursule, avec le geste « hue » que tous les enfants font en jouant.
Grosselin se positionne dans l’univers de l’enfant pour la mémorisation du geste.
Voir aussi le tableau comparatif en cliquant ici.
Pour le plaisir, voici quelques dessins de la phonomimie à l’époque de Grosselin:
Bonjour. Madame Silvestre de Sacy était enseignante depuis 20 ans quand elle est devenue orthophoniste. Elle a adapté la méthode rééducation de Mme Borel-Maisonny à l’enseignement classique.
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Merci pour votre commentaire très juste. Ce serait injuste de nier que des milliers d’enfants ont appris avec Borel-Maisonny. Il n’en demeure pas moins que les gestes sont ceux d’une rééducation, qu’ils n’ont pas le support affectif de la petite histoire et du prénom, prévus dès l’origine par Grosselin, et qui aident à la mémorisation. Marie-Brigtte Leamaire n’ayant publier aucun livre grand public avant 2009, il est bien évident que les enseignants ont pris ce qui était publié! L’ensemble de la Pédagogie est également accompagné de nombreux exercices de motricité qui complètent la gestuelle de la phonomimie, ce qui la rend unique et très complète…Cordialement
F.Nicaise
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Bonjour
Petite précision : si la méthode de M. Grosselin est bien l’ancêtre des Alphas par exemple, il n’a aucun rapport avec la méthode phonétique et gestuelle, bien au contraire.
Je cite Mme Borel-Maisonny (Rééd. orthophonique, 35, 1968) : « [ma méthode] n’a rien d’une méthode phonomimique. […] Que reprocher à la méthode phonomimique ? C’est que justement cela crée des associations inutiles. L’enfant ne pensera pas à « f » sans penser « fouet » […] »
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